Stratégie ESG : Guide Pratique pour son Application en Entreprise
Dans le contexte de l’urgence climatique, de plus en plus d’entreprises réévaluent leurs modèles économiques.
En tant qu’entrepreneurs, vous avez probablement également pris conscience des défis environnementaux. Il est possible que vous aspiriez à une croissance plus durable, respectueuse de la planète et de ses habitants.
Cependant, à une époque où le greenwashing et d’autres tactiques de marketing trompeuses sont courantes, il ne suffit plus de simplement faire de beaux discours. Il est essentiel de démontrer son engagement par des actions concrètes. Cela inclut notamment la mise en place d’un reporting ESG.
Mais qu’entend-on précisément par reporting ESG ? Est-ce une démarche obligatoire ou volontaire ? Quels avantages peuvent en découler ? Et surtout, comment le mettre en œuvre au sein de votre entreprise ?
C’est ce que nous allons explorer dans cet article.
Exploration des Concepts ESG : Comprendre les Fondements Essentiels
L’univers des affaires est parsemé de termes complexes, ce qui peut être déroutant pour les entrepreneurs qui cherchent à évaluer l’impact de leur entreprise. Parmi ces sigles, ESG, RSE, CSRD, NFRD, il peut être difficile de distinguer les nuances de chacun.
Par exemple, les concepts de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) et d’ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont souvent confondus, bien qu’ils couvrent des aspects similaires mais distincts.
La RSE englobe le comportement global d’une entreprise sur les plans social, sociétal et environnemental, tout en maintenant sa viabilité économique. C’est une vision globale de l’impact de l’entreprise sur la société et l’environnement.
En revanche, l’ESG se concentre spécifiquement sur trois critères : Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance. Ces critères, également connus sous le nom de critères extra-financiers, évaluent la performance RSE d’une entreprise sur une échelle de 0 à 100, offrant ainsi une mesure concrète de son impact dans ces domaines cruciaux.
Qu’est-ce que le CSRD ? Le CSRD, acronyme de Corporate Sustainability Reporting Directive, est une directive européenne récemment adoptée en décembre dernier. Son objectif est de réviser une loi antérieure, la directive NFRD (Non-Financial Reporting Directive).
Cette nouvelle directive impose, entre autres, à certaines entreprises de produire un rapport de durabilité. Pour en savoir plus sur cette nouvelle obligation consultez notre article “Guide complet sur la CSRD : Obligations de reporting ESG pour les entreprises”
Qu’est-ce que le reporting ESG ?
Le reporting ESG, ou reporting de durabilité, est un document qui regroupe les engagements et les actions entreprises par une société selon les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). Ce rapport vise à répondre à toutes les questions relatives aux enjeux gouvernementaux, sociaux et de gouvernance de l’entreprise.
Il suscite l’intérêt de toutes les parties prenantes de l’entreprise, y compris les employés, les clients, les sous-traitants et surtout les investisseurs. En effet, ces derniers accordent de plus en plus d’importance aux critères ESG lorsqu’ils envisagent d’investir dans un projet. Ils reconnaissent que les indicateurs économiques et financiers sont essentiels, mais insuffisants pour évaluer la viabilité à long terme d’une entreprise.
Quels indicateurs sont pris en compte dans le reporting ESG ?
Le reporting ESG englobe trois principaux types de critères : environnementaux, sociaux et de gouvernance. Mais que signifient-ils en pratique ?
Les critères environnementaux évaluent l’impact de l’activité d’une entreprise sur l’environnement. Cela inclut des données spécifiques telles que les émissions de CO2, la consommation d’électricité, la gestion des ressources, la chaîne d’approvisionnement et le recyclage des déchets, entre autres.
En ce qui concerne les critères sociaux, ils évaluent l’impact de l’entreprise sur ses employés et toutes les parties prenantes, en se référant à des valeurs universelles telles que les normes internationales du travail et des droits humains. Le reporting ESG rassemble ainsi des données sur des aspects tels que les conditions de travail, la sécurité au travail, le dialogue social, l’égalité des sexes, l’inclusion et la diversité, les mesures contre le harcèlement et l’épuisement professionnel, ainsi que la formation du personnel.
Les critères de gouvernance se concentrent sur la manière dont l’entreprise est dirigée. Cela inclut des données telles que la composition du conseil d’administration, son indépendance, les relations entre les actionnaires, la transparence de la rémunération des dirigeants, et les pratiques pour lutter contre la corruption, entre autres.
Obligation de reporting ESG : Qui est concerné par la nouvelle réglementation ?
Jusqu’à récemment, l’obligation de reporting ne s’appliquait qu’aux entreprises de grande envergure. En effet, les lois du Grenelle, notamment la loi Grenelle II adoptée en 2010, imposent cette démarche à toutes les sociétés :
- Les entreprises non cotées dont le bilan ou le chiffre d’affaires net dépasse 100 millions d’euros par an, avec un effectif de plus de 500 salariés ;
- Les entreprises cotées dont le bilan dépasse 20 millions d’euros ou dont le chiffre d’affaires annuel net est supérieur à 40 millions d’euros par an, avec un effectif de plus de 500 salariés.
Cependant, une nouvelle directive européenne suscite actuellement beaucoup d’attention. Il s’agit de la directive sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD). Ce texte vient tout juste d’être adopté en décembre 2022 et entrera en vigueur en France à partir de 2024.
Pourquoi est-ce une grande nouveauté ?
Tout simplement parce qu’elle va considérablement renforcer le cadre juridique relatif au reporting. En effet, elle étend cette obligation à un éventail plus large d’entreprises.
Seront désormais concernées :
- Toutes les grandes entreprises européennes, cotées ou non, qui dépassent l’un des trois seuils suivants : 250 salariés, 40 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel ou 20 millions d’euros de bilans annuels.
- Les filiales et les succursales européennes des sociétés non européennes, si celles-ci réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 150 millions d’euros dans l’Union européenne.
- Toutes les sociétés cotées sur les marchés réglementés européens, à l’exception des micro-entreprises.
Ce dernier point est significatif, car il signifie que les PME pourront également être soumises à l’obligation de reporting si elles sont cotées. Cependant, elles bénéficieront de règles de reporting allégées.
Pourquoi opter pour le reporting ESG volontaire dans votre entreprise ?
Même si vous n’êtes pas soumis à l’obligation de reporting ESG, rien ne vous empêche de le mettre en place volontairement. De plus en plus d’entrepreneurs et d’entrepreneuses, désireux de mettre en avant leurs engagements, choisissent de le faire de manière délibérée, ce qu’on appelle le reporting volontaire.
Focus sur les avantages d’une telle initiative :
Réduction de l’empreinte écologique : Nombre d’entreprises produisent un rapport ESG pour cette raison. Vous n’avez pas besoin d’attendre d’avoir mis en œuvre toutes les bonnes pratiques environnementales et sociales pour lancer un reporting. C’est aussi l’occasion de dresser un état des lieux de votre situation actuelle et d’identifier vos points forts ainsi que vos axes d’amélioration. Cette prise de conscience vous permet de développer une stratégie d’impact efficace et adaptée aux défis spécifiques de votre entreprise.
Valorisation de l’image de l’entreprise auprès des investisseurs : Selon une étude publiée par Edie, environ 74 % des investisseurs sont intéressés par des projets qui répondent aux critères ESG. Aujourd’hui, les investissements responsables sont en vogue, et les critères extra-financiers sont tout aussi importants que les indicateurs économiques traditionnels. Les investisseurs n’hésitent pas à faire appel à des agences de notation extra-financières externes pour évaluer la fiabilité des données ESG fournies par les entreprises. Cela démontre que la durabilité est devenue un critère de sélection majeur.
Rayonnement de la marque employeur : Les salariés portent de plus en plus d’intérêt aux questions sociales et environnementales. La mise en place d’un reporting ESG est donc un excellent moyen de promouvoir la marque employeur. L’entreprise devient ainsi plus attrayante et attire de nouveaux talents.
Réduction des coûts opérationnels : Le reporting ESG offre également des opportunités en termes de réduction des coûts. Il permet de prendre conscience de certaines dépenses opérationnelles superflues et d’intégrer des principes de l’économie circulaire. Les entreprises qui mettent en place un reporting sont ainsi plus susceptibles de réduire leurs dépenses énergétiques et en eau, de mieux gérer et recycler leurs déchets, ainsi que de limiter leur consommation en favorisant, par exemple, le leasing plutôt que l’achat.
Établissement d’une relation de confiance avec les parties prenantes : Le reporting ESG témoigne également d’une démarche de transparence. En partageant toutes leurs données, positives ou négatives, les entreprises construisent une relation de confiance solide et durable avec leurs investisseurs, leurs partenaires et toutes les parties prenantes.
Comment amorcer la mise en place d’un rapport ESG dans votre entreprise ?
Si vous envisagez d’introduire un rapport ESG dans votre entreprise mais que vous ne savez pas par où commencer, voici quelques conseils pour vous guider dans cette démarche :
- Faites appel à un cabinet de conseil spécialisé : Le processus de reporting ESG demande beaucoup de ressources en termes de temps et d’énergie. Avec une variété de thèmes à traiter et de données à collecter, analyser et formater, la charge de travail peut être importante. Si vous manquez de ressources internes, envisagez de recourir à l’expertise d’un cabinet de conseil en développement durable. Vous bénéficierez ainsi d’un accompagnement personnalisé et pourrez adapter vos processus en conséquence. De plus, vous pouvez solliciter des professionnels pour des missions ponctuelles telles que le calcul de votre empreinte carbone ou l’élaboration d’une stratégie à impact.
- Constituez une équipe interne dédiée : En fonction de la taille de votre entreprise, vous pouvez envisager de former une équipe interne dédiée au reporting ESG. Pour les TPE ou PME, une ou deux personnes peuvent être désignées comme référents sur le sujet. Il est également possible de recruter un expert ESG ou de proposer une formation à des salariés intéressés par le sujet.
- Impliquez toutes les équipes pour obtenir des données fiables : Le reporting ESG nécessite une collecte de données provenant de divers départements de l’entreprise. Impliquez donc toutes vos équipes, notamment les ressources humaines pour les données sur la diversité et l’inclusion, et les équipes juridiques, de risque et de conformité pour les informations relatives à la gestion des risques et aux réglementations en vigueur.
- Utilisez des référentiels fiables : Votre rapport ESG doit reposer sur des référentiels crédibles. Si vous êtes soumis à la directive CSRD, assurez-vous de suivre les normes édictées par cette loi et entourez-vous d’experts pour garantir la conformité de votre document. Si vous optez pour un reporting ESG volontaire, vous pouvez vous appuyer sur des référentiels de confiance tels que le Global Reporting Initiative (GRI) ou le Sustainability Accounting Standards Board (SASB).
Recourir à une plateforme de gestion des données
La construction d’un rapport ESG fiable nécessite la collecte de nombreuses données au sein de votre entreprise. Il est crucial d’éviter les rapports flous ou vagues, dépourvus de données chiffrées vérifiables. Chaque élément présenté doit être étayé par des sources fiables.
Pour simplifier cette tâche, il est recommandé d’opter pour une solution de gestion des données performante. Cela vous permettra de rassembler des informations cohérentes sans avoir à consacrer de longues heures à leur vérification et à leur correction.
Quelques exemples de rapports ESG à prendre comme référence
Plusieurs grandes entreprises ont rendu publics leurs rapports ESG en ligne. IBM et le cabinet McKinsey sont parmi celles qui proposent des documents très détaillés sur leurs engagements.
Ces rapports s’étendent sur près d’une centaine de pages. Bien sûr, en tant que TPE ou PME, vous n’aurez probablement pas autant de données à présenter, mais ces exemples peuvent vous servir de modèle pour organiser votre propre document.